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Avec les Prix de recherche André Schroeder, l'ITI distingue chaque année deux équipes de recherche pour leur travail exceptionnel en faveur de la recherche et du développement dentaires. Forum Implantologicum s'est entretenu avec le Dr Ryan Lee au sujet de son étude primée « Re-establishment of macrophage homeostasis by titanium surface modification in type II diabetes promotes osseous healing » et de ses projets pour l'avenir.
Forum Implantologicum (FI) : Pouvez-vous nous donner un bref aperçu de votre carrière universitaire jusqu'à présent ?

Ryan Lee (RL) : Je suis diplômé de l'Université de Sydney, en Australie (BMSc et BDent), puis j'ai suivi un programme de formation spécialisée en parodontologie (MCD) à l'Eastman Dental Institute, UCL, à Londres. Puis je suis revenu en Australie pour commencer ma carrière universitaire, en commençant également un doctorat à temps partiel. En 2017, j'ai accepté un rôle académique senior à la School of Dentistry de l'Université du Queensland. Actuellement, je suis directeur du programme de formation spécialisée post-universitaire et responsable de la discipline en parodontologie.

 

FI : Comment avez-vous commencé à vous intéresser à la recherche et plus particulièrement à la recherche en dentisterie implantaire ?

RL : Ma passion pour la recherche en parodontologie et en dentisterie implantaire a débuté lorsque j'ai assisté pour la première fois à l’ITI World Symposium à New York en 2007. Après avoir écouté tous ces grands esprits de la parodontologie et de la dentisterie implantaire, j'ai été tellement inspiré que j'ai décidé de poursuivre une carrière dans ce domaine. La recherche constituait une part importante du programme de formation spécialisée postuniversitaire et j'ai été fasciné par l'approche fondée sur les preuves et les différentes méthodologies de recherche permettant de valider les nouvelles découvertes. J'étais particulièrement intéressé par les réponses immunitaires de l'hôte à différentes surfaces d'implants, qui entraînent différents taux d'ostéointégration.

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Fig. 1: La médaille du Prix de recherche André Schroeder.
FI : Pouvez-vous nous décrire le thème principal de votre étude primée et nous expliquer pourquoi vous l'avez choisi ?

RL : Mon sujet de recherche était l'étude des effets de différentes caractéristiques de surface des implants sur les cellules immunitaires, en particulier les macrophages, dans le diabète. Les surfaces d'implants que nous avons utilisées étaient SLA et SLActive. Il est bien documenté que la surface SLActive améliore le taux d'ostéointégration au stade précoce de la guérison osseuse, mais les mécanismes sous-jacents n'ont pas encore été entièrement élucidés. Ce phénomène biologique particulier m'a intrigué et j'ai commencé à poser des questions de recherche sur les interactions entre les cellules impliquées dans la cicatrisation des plaies et différents biomatériaux.

Le macrophage est véritablement une cellule immunitaire polyvalente qui peut orchestrer des réponses inflammatoires selon l'expression de son phénotype : phénotype M1 pro-inflammatoire ou M2 anti-inflammatoire. Il s'agit évidemment d'une simplification excessive, mais son rôle dans le contexte de la cicatrisation est crucial. Les effets immunomodulateurs des macrophages et des différentes surfaces des implants sont encore peu explorés, en particulier dans des conditions systémiques altérées, comme le diabète. L'objectif de cette étude était donc d'examiner les interactions entre les phénotypes de macrophages (M1 et M2) et différentes surfaces d'implants en titane (SLA et SLActive) dans des conditions de diabète de type 2.

FI : Quelles sont les principales conclusions de votre étude ?

RL : Pour la première fois, l'étude a fourni des preuves empiriques de l'altération de la fonction des macrophages M2 dans le processus de cicatrisation des plaies dans un modèle animal de diabète de type 2. Elle a montré que la surface modifiée (SLActive) pouvait compenser cette fonction macrophage altérée en créant un environnement qui atténue la réponse inflammatoire au cours de la phase précoce de la cicatrisation osseuse, rétablissant ainsi l'homéostasie des macrophages et entraînant une meilleure cicatrisation osseuse.

FI : Dans quelle mesure ce projet est-il pertinent pour la pratique quotidienne, et comment pensez-vous que ses résultats font progresser le domaine de l'implantologie dentaire ?

RL : Je pense que ce projet a fourni un certain aperçu de l'interaction entre les biomatériaux, en particulier le traitement de surface de l'implant et les réponses immuno-inflammatoires dans un état systémique compromis. Comme il s'agissait d'une étude préclinique, d'autres études cliniques sont nécessaires pour confirmer nos résultats, mais elle a mis en évidence l'importance du contrôle de la réponse inflammatoire lors de la phase initiale de la cicatrisation, y compris l'ostéointégration, et les biomatériaux (SLActive) que nous utilisons quotidiennement ont la capacité de moduler les réponses immunitaires. Les cliniciens doivent décider des matériaux à utiliser en gardant cela à l'esprit.

FI : En tant que lauréat du Prix de recherche André Schroeder, comment voyez-vous l'importance d'organisations telles que l'ITI pour la recherche dans le domaine de l'implantologie dentaire ?

RL : L'ITI a contribué de manière significative au développement de la dentisterie implantaire depuis plusieurs décennies. Je pense que le succès de l'ITI vient de son indépendance et de sa forte orientation vers la recherche pour développer la dentisterie implantaire. Le soutien académique et financier de ce type d'organisation aide de nombreux chercheurs/cliniciens à poursuivre leurs recherches et leur fournit une plateforme pour partager leurs réalisations, ce qui, en fin de compte, façonne l'orientation future de la dentisterie implantaire.

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Fig. 2: La présidente de l'ITI, Charlotte Stilwell, remet à Ryan Lee le Prix André Schroeder 2022 pour la recherche préclinique lors de la conférence annuelle de l'ITI à Rome, en Italie.
FI : Pourriez-vous nous donner quelques détails sur vos projets à venir et sur ce que vous considérez comme des « sujets d'actualité » dans le domaine de l'implantologie dentaire ?

RL : La recherche médicale actuelle met de plus en plus l'accent sur la « médecine personnalisée ». Je pense que la recherche future en dentisterie suivra la même direction. En fait, elle a déjà commencé. La cicatrisation des plaies est un aspect essentiel de la médecine/dentisterie personnalisée, et la modulation de l'hôte par les biomatériaux a été notre grand intérêt de recherche pour améliorer les résultats cliniques. La recherche future en dentisterie implantaire devrait se concentrer sur ces effets immuno-modulateurs des biomatériaux.

Par exemple, dans l'un de nos projets, nous étudions l'effet de la protéine de la matrice de l'émail sur différents sous-phénotypes de macrophages M2 (c'est-à-dire M2a, M2b, M2c et M2d) dans un modèle diabétique afin d'intégrer ces connaissances dans notre compréhension actuelle de la cicatrisation des plaies. Ces connaissances seront ensuite appliquées aux stratégies de gestion clinique dans les cas plus difficiles.

 

À propos du Prix de recherche André Schroeder

Les Prix André Schroeder pour la recherche préclinique et pour la recherche clinique sont décernés chaque année. Chaque lauréat reçoit 10 000 francs suisses. Le Prix de recherche André Schroeder est décerné à des chercheurs indépendants pour l'avancement de la recherche et du développement dans le domaine dentaire. L'objectif est de promouvoir les nouvelles découvertes scientifiques en dentisterie implantaire, en régénération des tissus buccaux et dans les domaines connexes. Le Prix est décerné en l'honneur de feu le professeur André Schroeder (1918-2004), président fondateur de l'ITI, qui a été un pionnier de la dentisterie implantaire et dont l'œuvre a largement contribué à la dentisterie moderne.